N’ayez pas peur.
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Pour une raison indépendante de notre volonté
Cela devait démarrer mardi. Moi, j’y croyais. Mais bon. On reste naïf. On m’a appris en dernière minute que c’était reporté à mercredi. D’accord. On avale un bon coup. On ne comprend pas tout, mais on ne comprend jamais tout.
Nous voilà mercredi, et ce matin, j’ai feuilleté le Soir trois fois de suite . Après quoi, je me suis jeté sur le trottoir devant le marchand de journaux, j’ai poussé des cris, j’ai maudit des gens que je ne connaissais même pas. Rien. Pas la moindre petite trace de Mirador dans le Soir.
Pas d’explication. Dans le courant de l’après-midi, je reçois la nouvelle, en quelques mots: c’est pour samedi, en fin de compte.
Vous y croyez, vous?
Allez, un petit effort.
Samedi. 9 juillet. 2011.
Premier épisode.
Si j’ouvre le journal et que je n’y trouve pas le premier épisode de Mirador, mon marchand de journaux va encore devoir faire appel aux forces de l’ordre pour dégager son trottoir.
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Une interview
Interview sur le pouce de Patrick Delperdange à l’occasion de la publication en juillet de son feuilleton Mirador dans le journal Le Soir
Mirador est un feuilleton de Patrick Delperdange en 38 épisodes qui sera publié à partir du 5 juillet dans Le Soir. Chez Bela on aime Patrick Delperdange et on aime les feuilletons… et on aime les débats… une bonne occasion donc d’interroger l’auteur sur le texte et le cadre de cette prochaine publication.
Bela : Pouvez-nous, pour nous mettre l’eau à la bouche, nous faire un petit pitch de ce feuilleton à venir ?
Patrick D: Frank Mahler est accaparé par la petite entreprise qu’il a créée avec un ami, et ne se rend pas compte que sa femme se sent délaissée. Un soir, le couple a une conversation qui se termine en dispute. La femme de Frank se réfugie dans la salle de bains. Frank se met à boire et s’endort. Lorsqu’il se réveille au milieu de la nuit, sa femme a disparu. Cette absence se prolonge et devient inquiétante. Et Frank se rend compte qu’il n’a aucun moyen de savoir ce qu’est devenue son épouse…
Bela : Les feuilletons, ça vous connaît déjà un peu, je me rappelle de Patrick Delperdange est un sale type comme d’un texte absorbant, dont on ne peut s’empêcher de dévorer les lignes : des épisodes qui se succèdent comme des perles, l’humour, le rocambolesque et une maîtrise certaine du « cliffhanger » (comme disent les Américains), en sont les ingrédients qui le rendent séduisant à plus d’un titre… peut-on s’attendre à la même chose dans Mirador ?
Patrick D: Mirador est un polar pur jus. Je l’ai voulu comme tel, et je l’ai rédigé en ayant en tête une parution quotidienne et des épisodes pouvant être lus rapidement. Avec des rappels discrets permettant au lecteur de raccrocher à l’intrigue et aux personnages, dès les premières lignes de chaque épisode. Des cliffhangers, bien sûr, et de la tension. Mais cette tension nécessaire fait que le polar se prête peu à l’humour. Il existe bien sûr des exemples de polars humoristiques (Donald Westlake en a écrits plusieurs, sous son nom ou signés de l’un de ses pseudos, mais ce sont davantage des fantaisies policières que des polars, d’après moi).
Bela : Votre dernier roman Un peu avant la fin du monde se présente comme une succession de courts textes, presque des nouvelles qui, couche après couche, forment, dans la tête du lecteur, un récit qui lui appartient, et qui demande donc plus d’ « effort » de sa part, plus d’attention… en somme tout l’inverse, a priori, d’un feuilleton (plus facile ?)… y-a-t-il selon vous une hiérarchie dans ces formes ?
Patrick D: Je ne crois pas à la hiérarchie des formes ni des genres. Comme disait l’autre (cet autre qui dit beaucoup de choses, en sens divers…): il y a la bonne littérature et la mauvaise. D’après mon idée, la bonne, quel que soit le genre dont elle relève (polar, jeunesse, roman, nouvelle,…), c’est celle qui fait naître en vous des images et des émotions, qui vous happe et qui, pour un temps plus ou moins long, vous attire dans son univers. La littérature qui vous procure du plaisir. Je n’ai pas dit que tout ce que j’écris joue dans cette catégorie supérieure, mais, chaque matin, j’enfile mes gants, je serre mes petits poings et je tente de remporter un round ou deux.
Bela : Internet semble être en mesure de « réhabiliter » un genre littéraire plébiscité par le public autrefois, décrié par les moralistes et les frileux (le côté mercantile et populaire effrayant facilement les cerbères de la société bien-pensante)… on connait les expériences de Stephen King en la matière, ou Martin Winckler… et plus près de chez nous, Grégoire Polet (qui nous fait actuellement l’honneur d’un feuilleton sur Bela) fait la même analyse. Alors pourquoi une publication d’abord dans Le Soir papier, et ensuite seulement sur un site dédié ? N’est-ce pas un peu rétrograde ?
Patrick D: L’idée de ne pas être le seul à penser que les feuilletons peuvent captiver le public me réjouit grandement. Je ne sais si ce phénomème est lié à internet, mais le fait est que la plupart des gens considèrent que tout qui se trouve sur la toile doit leur être livré gratuitement. Gratifier les lecteurs du Soir en bon papier bien salissant d’un avantage d’un jour ou deux sur les surfeurs me plaît assez. Ce qui est gratuit n’a pas vraiment de valeur, comme disait encore l’autre (cet autre qui en a maintenant assez dit, et que j’invite à se taire).
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